Les solutions d’IA sont en voie de se répandre et de révolutionner un nombre croissant de secteurs, et le secteur des services financiers ne demeurera pas une exception.

Selon Tomi Poutanen, chef de la direction et cofondateur de Signal 1, un fournisseur d’analyses des soins de santé axées sur l’IA et anciennement vice-président principal et chef, Intelligence artificielle, Groupe Banque TD, le segment de la gestion de placements est particulièrement bien placé pour tirer parti des outils d’IA en raison de sa dépendance des données.

« Je crois que les algorithmes vont profondément transformer la gestion d’actifs », a déclaré M. Poutanen lors d’un récent symposium sur les placements institutionnels tenu à Toronto en 2023. L’événement était organisé par Solutions de placement mondiales TD.

Vétéran de la Silicon Valley dont l’expérience englobe les grandes sociétés technologiques, les services bancaires et les soins de santé, M. Poutanen prédit que les algorithmes feront partie intégrante de la gestion d’actifs à l’avenir.

Les données régissent tout dans la gestion d’actifs et il est particulièrement utile d’avoir accès à des données que d’autres n’ont pas.

« Les données les plus importantes ne sont pas publiques; il faut les acheter. Parfois, on achète une société non pas pour ses flux de trésorerie, mais pour ses données », a-t-il expliqué. « Certaines entreprises dépensent plus de 100 millions de dollars par année pour acquérir des données. »

Les données sont disponibles dans tous les formats : cours des actions, rapports d’analystes, images-satellites, etc. Tous ces éléments d’information sont fournis au fil du temps.

« Les transformateurs sont incroyablement bons dans l’analyse de ces données, » affirme M. Poutanen, faisant référence à l’architecture de l’apprentissage profond qui fait le suivi des tendances dans les données séquentielles et qui a rendu possible l’intelligence artificielle générative. « Des fonds entrepreneurs créeront des algorithmes capables de traiter ces données. »

Mais il y aura un besoin de différenciation. « Même si un algorithme peut prédire les flux de trésorerie d’une société ou d’un autre événement, le marché en aura déjà tenu compte », a-t-il dit.

Voilà pourquoi différents gestionnaires de portefeuille devront avoir des stratégies uniques qui les distinguent des autres, ce qui contribuera à offrir des rendements durables, selon M. Poutanen.

Malgré les immenses possibilités que l’IA peut apporter à la gestion d’actifs, a-t-il dit, « actuellement, seuls les fonds de couverture recherchent activement les talents en IA ».

M. Poutanen croit que l’assurance est un autre segment du secteur des services financiers qui est propice aux applications de l’IA. C’est parce que l’assurance est ancrée historiquement dans la science actuarielle. Toutefois, il a souligné que certains assureurs ont résisté à l’adoption de l’IA, sceptiques à l’égard de la possibilité que les machines puissent surpasser les actuaires humains qui travaillent dans leur entreprise.

Risques

Les suppressions d’emplois constituent l’un des plus grands risques sociétaux que pose la technologie de l’IA, malgré sa promesse de transformer et d’améliorer chaque sphère de la vie.

Les suppressions d’emplois sont préoccupantes, en particulier dans les secteurs confrontés à une pénurie de talents, comme la médecine, la construction et les transports, a expliqué M. Poutanen.

« Nous avons peu de travailleurs dans plusieurs domaines, […] de sorte que nous utilisons l’IA pour étoffer une main-d’œuvre dégarnie. » Mais il a servi une mise en garde : les machines pourraient finir par prendre le dessus; par exemple, s’il vous manque de camionneurs, vous pourriez utiliser des camions autonomes, qui pourraient éventuellement remplacer tous les camionneurs.

« Que se passe-t-il si ces catégories d’emploi disparaissent tout simplement? »

Plusieurs de ces travailleurs licenciés pourraient ne pas pouvoir augmenter leurs compétences et faire la transition vers d’autres domaines, ce qui entraînerait d’énormes coûts sociaux, explique M. Poutanen.

C’est pourquoi il pense qu’une réglementation est nécessaire. « Autant nous consacrons d’efforts au développement de l’IA, autant nous devrions investir dans la réglementation. »

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